Les Messes de Noël
Traditionnellement, dans le calendrier liturgique catholique actuellement en vigueur, un cycle de quatre messes est prévu pour célébrer avec toute la solennité nécessaire l’un des deux événements liturgiques majeurs de l’année, à savoir la naissance de Jésus à Bethléem, traditionnellement nommée « Nativité », ou Noël dans la dénomination courante.
La première est la messe de l’Emmanuel, célébrée la veille au coucher du soleil.
La célébration liturgique de Noël se caractérise par le fait, unique dans la liturgie latine, qu’elle comporte trois messes aux textes différents, qui permettent d’éclairer les différents aspects spirituels de la fête.
Dans la nuit, à l’aurore, au milieu du jour, c’est un même mystère qui est célébré mais, à chaque fois, avec sa couleur propre.
Les trois dernières messes de Noël, souvent nommées les 3 messes de Noël sont les suivantes :
La messe de minuit, ou messe des anges
On la nomme messe de Minuit, car elle était traditionnellement célébrée à cette heure pendant des siècles, du fait du jeûne eucharistique.
Dans la majorité des paroisses françaises elle est célébrée habituellement en début de soirée (entre 18 h et 22 h). Chaque église organise sa messe de minuit qui est généralement un succès populaire et attire de nombreux non-pratiquants qu’y se rendent à l’église à pied, et qui rentrent ensuite réveillonner en famille autour du traditionnel repas de Noël.
La messe de Minuit du Vatican, célébrée par le pape, est retransmise à la télévision dans tous les pays à prédominance chrétienne (sur France 2 en France).
Les messes de Minuit locales ou celles de Bethléem ont aussi une forte dimension symbolique, émotionnelle, et sont souvent aussi retransmises par la radio ou la télévision.
Autrefois, la messe de minuit était célébrée par le pape lui-même, dans la chapelle de l’église Sainte-Marie-Majeure de Rome. On prétendait alors que l’Enfant Jésus était né à minuit précisément.
La messe de la nuit est toute centrée sur l’annonce de l’événement, la contemplation de ce don : aujourd’hui un enfant nous est né ! L’enfant qu’annonçait le prophète Isaïe, en proclamant son nom : «Merveilleux-Conseiller, Dieu-Fort, Père à jamais, Prince de la Paix».
L’enfant que l’ange décrit aux bergers : «un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire», et qu’il nomme aussi «le Sauveur, le Messie, le Seigneur».
Dans le silence de la nuit, s’entrevoit «l’admirable échange» dont s’émerveillait saint Ambroise : «Accepte, Seigneur notre sacrifice, en cette nuit, dit la prière sur les offrandes, et dans un prodigieux échange, nous deviendrons semblables à ton Fils en qui notre nature est unie à la tienne.»
La messe du lever du jour, ou messe de l’Aurore, ou encore messe des bergers
Cette messe est célébrée impérativement avant le lever du soleil, souvent vers 6 ou 7 h le jour de Noël.
Suivant immédiatement la messe de Minuit, la messe de l’Aurore constituait la deuxième messe de la Nativité à laquelle, d’ailleurs, la plupart des fidèles se faisaient un devoir d’assister.
Cette messe s’est substituée à celle qui était célébrée à l’origine en l’honneur de Sainte Anastasie par le pape dans l’église romaine de Saint-Athanase.
La messe de l’Aurore succède à la messe de Minuit et propose des lectures différentes généralement tirées des mêmes livres bibliques et mettent l’accent sur les fruits pour les hommes de la naissance du Christ.
Dans la liturgie actuelle, le nom de la Sainte est à peine mentionné, si bien qu’on a pratiquement perdu toute trace des origines de cette messe.
À l’éblouissement silencieux de la nuit succède au matin l’expression de la joie. À la Parole divine proférée dans la nuit répond l’action de grâce de l’homme. «Une lumière nouvelle nous envahit, dit la prière d’ouverture de la messe de l’aurore ; puisqu’elle éclaire déjà nos cœurs par la foi, fais qu’elle resplendisse dans toute notre vie.»
Les textes de cette messe de l’aurore sont toujours tirés des mêmes livres bibliques, comme si le mystère se développait en ses harmoniques ; mais ils se situent à présent plus franchement du côté de l’homme et des conséquences pour lui du don de cet enfant. «Une lumière est semée pour le juste et pour les cœurs simples, une joie».
Ces cœurs simples sont ceux des bergers qui répondent au message de l’ange en se mettant en marche pour aller vers l’enfant ; et, en repartant, «ils glorifiaient et louaient Dieu pour tout ce qu’ils avaient entendu et vu selon ce qui leur avait été annoncé».
Une messe dans la matinée : la messe du jour de Noël ou messe du verbe divin
Cette messe est célébrée après le lever du soleil.
La liturgie de la messe du jour élargit le regard à la contemplation du dessein éternel de Dieu : l’enfant de la crèche, si touchant qu’il soit, si fragile qu’il paraisse, ne doit pas nous faire oublier qu’il est «Dieu né de Dieu».
C’est la puissance de la divinité, tout entière contenue dans l’enfant, que les textes s’attachent à éclairer et à faire méditer : le prologue de Jean montre, «dans le commencement», le Verbe de Dieu qui est Dieu même, auprès de Dieu dans la communion éternelle, et, par lui, par sa venue dans le monde, la réalisation du dessein universel de salut de Dieu, jusqu’à nous faire «devenir enfants de Dieu», fils dans le Fils unique.
Et le commencement de la lettre aux Hébreux insiste sur la dignité du Fils, «reflet resplendissant de la gloire du Père», placé «bien au-dessus des anges», qui contraste si fort avec le dénuement du nouveau-né dans la crèche ; sur la puissance de sa parole qui «porte toutes choses», qui s’oppose si violemment au silence de l’enfant (in-fans, celui qui ne parle pas) de Bethléem.
Depuis la réforme liturgique qui a fait suite au Concile Vatican II, la forme de célébration avec les quatre messes, avec respect des horaires réels, est en vigueur dans les paroisses diocésaines.
Le 7 juillet 2007, le pape Benoît XVI a rappelé avec clarté et fermeté que la messe traditionnelle n’avait jamais été interdite par le Concile Vatican II. Il a appelé la messe actuelle « messe selon la forme ordinaire du rite romain » et la messe traditionnelle « messe selon la forme extraordinaire ».
Ce rappel a largement remis en vigueur « les trois messes de Noël » dans les quelque 500 lieux de culte utilisant la forme extraordinaire.
La « messe de Minuit », la « messe de l’Aurore » et la « messe du Jour » sont donc faciles à trouver actuellement.
St Thomas d’Aquin donne une signification symbolique des messes de Noël :
« Au jour de la Nativité, on célèbre plusieurs messes à cause de la triple naissance du Christ.
La première est éternelle qui, pour nous, est cachée. C’est pourquoi l’on chante une messe la nuit, où l’on dit à l’introït : « Le Seigneur m’a dit : tu es mon Fils, moi, aujourd’hui, je t’ai engendré. »
La deuxième est sa naissance selon le temps, mais dans les âmes, par laquelle le Christ » se lève dans nos cœurs comme l’étoile du matin ». Et c’est pourquoi l’on chante une messe à l’aurore, où l’on dit à l’introït : « La lumière brillera aujourd’hui sur nous. »
La troisième est la naissance du Christ selon le temps et dans son corps, selon laquelle il s’est produit visiblement hors du sein virginal, revêtu de notre chair. Et c’est pourquoi on chante la troisième messe à la pleine lumière et l’on chante dans son introït : « Un enfant nous est né. »
Cependant on peut dire, inversement, que la naissance éternelle, considérée en elle-même, est en pleine lumière : et c’est pourquoi, dans l’évangile de la troisième messe, on fait mention de la naissance éternelle. Mais selon la naissance corporelle il est né, à la lettre, pendant la nuit, pour signifier qu’il venait vers les ténèbres de notre faiblesse : aussi, dans la messe nocturne, lit-on l’évangile de la naissance corporelle du Christ. Et c’est encore ainsi qu’à d’autres jours où se rencontrent plusieurs bienfaits du Christ à honorer ou à implorer, on célèbre plusieurs messes le même jour, par exemple une pour la fête, et les autres pour le jeûne ou pour les morts. »
Les chants et cantiques
Lors de la veillée de Noël, on entonnait des cantiques religieux célébrant la Nativité, mais également des chants populaires appelés noëls.
Ces chansons traditionnelles, transmises de génération en génération, sont issues d’auteurs anonymes ou reconnus.
Citons, entres autres : Le Petit renne au nez rouge, Mon beau sapin, Vive le vent ou encore. Douce Nuit, Sainte Nuit, Il est né le divin enfant et Les Anges dans nos campagnes.
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